✥ HOW I MET ME

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CANADA – IT’S LIKE IN KINDERGARTENERS

Je levai les yeux au ciel pendant quelques minutes. Je détestais jouer à la poupée avec Charice. Il fallait toujours que ce soit elle la plus jolie, celle que l’on devait nécessairement apprécier. Tandis que moi, de mon côté, je devais jouer la souffre douleur, celle qui devait être la perdante enfin. « Je suis tannée de ce jeu. Je veux ravoir ma Barbie ! » Je fis une moue remarquable avant de voir mon amie éclater de rire. « Ce que tu peux être gamine parfois. » Je secouai la tête négligemment avant de m’avancer plus près d’elle et de lui voler la poupée tant convoitée. « Je suis peut-être gamine, mais je suis plus vite d’esprit. » Je lui fis un petit sourire avant de me lever du carré de sable et de retourner en gambadant vers les autres jeunes dans la cour de récréation. À cet âge, la vérité pouvait être dite sans blesser l’autre. J’étais capable de sortir de bonne réplique, de répondre lorsqu’on me balançait des insultes. La vie était facile, trop facile dans ce temps-là. Après quelques minutes de marche pour traverser la cour, je pris place en compagnie d’autres élèves, rigolant à tous les propos incohérents que nous, les jeunes, pouvions dire en une simple journée.

Bonnet, foulard et les bottes UGG. L’hiver commence peu à peu. Je tournai sur moi-même, ouvrant la bouche en tentant d’attraper quelques doux flocons. Habituellement, il y avait peu de neige et le froid n’était pas glacial. L’hiver restait quand même l’une de mes saisons favorites. Papa tentait d’installer les lumières dans les arbres à l’extérieur. Noël arriverait bientôt, la chaleur du foyer nous réconforterait en ouvrant les cadeaux. Mes boucles brunes commencèrent à devenir pleine de neige. « Papa ! Tu vois mes cheveux ! Ils sont tout blancs ! » Je rigolai à mes propres paroles. C’était si bon de se retrouver à l’extérieur. Je sautillai d’un bout de la cour à un autre. Après quelques secondes, la fatigue s’empara de moi. Le souffle court, je paniquai un peu. Reprendre son souffle, inspire, expire. Les larmes emplirent mes yeux en même temps que quelques-unes se faufilaient sur mes joues. J’eus à peine le temps de crier à mon père pour qu’il vienne me voir que je m’effondrai sur la douce neige.

« L’anomalie que nous avions détectée chez votre fille s’est développée plus que nous le pensions. Il va falloir la mettre en garde maintenant. Bien qu’elle soit encore jeune, il faut prendre de bonnes précautions pour ne pas détériorer son état. » Ma mère avait versé des larmes à l'annonce du docteur. Une fille malade, c'était beaucoup. Beaucoup de responsabilité, beaucoup d'argent, beaucoup d'explications. C'était difficile et il fallait du courage pour continuer à vivre cette vie comme si rien ne s'était déroulé. Dos à ma mère, je prenais mes effets personnels dans les vieux meubles de ma chambre d'hôpital. « Tu sais maman, ce n'est pas bien grave. Je vais faire attention et ça ne se reproduira plus. » L'innocence de l'enfance. Je me tournai vers elle et lui offrit un bref sourire. Elle me sourit à son tour, s'approchant de moi et me prenant dans ses bras. « Tout va bien aller ma jolie. Nous serons toujours là pour toi..» « Il est temps de partir de cet hôpital ! Vous venez mes chéries ?» Tout sourire, je pris ma valise et suivit mes parents, espérant que ce tour à l'hôpital serait le premier et le dernier.

CANADA – IT’S A QUARTER AFTER ONE, I’M ALL ALONE AND I NEED YOU NOW

Mes doigts se posèrent contre les touches blanches et noires du piano, suivant une harmonie parfaite. Je fermai les yeux et je laissai mes doigts m’emporter dans la douce mélodie que j’étais en train de jouer. Le piano était devenu mon espoir, ma ressource principale lorsque je me sentais mal. S’évader dans la douce musique était devenu mon quotidien. Suivre le tempo imposé, être dans les temps. Parfait, tout simplement parfait. J’enchainai les derniers accords de la pièce de Tchaïkovski et ouvrit les yeux sur les notes finales. Il fallait pratiquer, toujours pratiquer pour devenir meilleure. C’est en me levant du tabouret que je sentis mon cellulaire vibrer dans ma poche. Wow, un appel de ma meilleure amie Charice. « Alors Skye chérie, tu viens à la fête de ce soir ? » Il n’y avait qu’elle qui pouvait m’appeler par mon deuxième prénom, que peu de gens connaissait d’ailleurs. « Il y aura quoi d’intéressant ce soir ? » J’entendis rire au bout du fil. « Aller, il faut que tu viennes ! Tu vas voir, ça va être super » Je poussai un soupir et passai une main dans mes cheveux. Si j’y allais, ce serait amusant… enfin. « On se rejoint avant ou là-bas ? » Je l’entendis crier un YES gigantesque au travers du téléphone. La soirée s’annonçait parfaite.

J’arrivai au super party de la rentrée en compagnie de Charice. Ça se déroulait dans la maison d’un des gars de l’équipe de football, il était donc normal que pratiquement tous les étudiants de l’école soient présents et que les anciens venaient aussi y faire un tour. C’est en entrant dans la somptueuse demeure que je remarquai la foule envahissante de monde présente. Ce qu’il y avait du monde ! Lorsque je me tournai pour voir où était passé ma meilleure amie, elle était disparue. Super ! Je poussai un léger soupir tout en me dirigeant vers la cuisine. Être toute seule dans une grande maison pleine de gens était le genre de chose que je tentais d’éviter. La fatigue commençait déjà à se faire sentir, ce qui n’était pas vraiment encourageant. La cuisine devait être l’endroit le moins bondé dans la maison. Je m’installai donc sur le comptoir puisque toutes les places assises étaient désormais prises. Je pris un verre en plastique et mis un peu de bière à l’intérieur. De toute façon, je ne pouvais pas boire beaucoup, ça me rendait faible beaucoup plus rapidement. « On passe la soirée toute seule ? » J’arquai légèrement un sourcil et me tournai vers la personne qui avait prononcé ces mots. Je l’avais déjà vu, jamais vraiment parlé. Il était plus vieux que moi en fait. « Ma meilleure amie a dû se trouver quelqu’un de potentiellement correct, donc elle m’a laissé seule. Je m’en sors plutôt bien. » Je lui fis un léger sourire. Il s’appelait Caleb et il ne venait pas d’ici. Enfin, c’est ce qu’on avait raconté à son sujet. Il était assez populaire auprès des filles et Charice l’avait de suite remarqué quand elles étaient arrivées. « Ça te dérange si je m’assois à côté de toi ? » J’eus un petit sourire et plantai mon regard dans le sien. Qu’est-ce qu’il voulait bien ? J’hochai la tête en acquiesçant. « Ça me ferait plaisir. »

CANADA - CAUSE YOU'RE AMAZING, JUST THE WAY YOU ARE

«Alors raconte moi TOUT. Obligatoirement. » Je tapai dans mes mains, heureuse d’avoir enfin le pouvoir de la discussion avec Charice. Habituellement, je devais écouter tout ce qu’elle avait à me dire sur les garçons qu’elle avait bien pu ramener chez elle en fin de soirée et tout ce qui s’était passé au minime détail. « Il n’y a pas grand chose à raconter en fait… on se voit souvent et c’est super agréable ! » Sourire rêveur accroché à mes lèvres. C’est vrai que depuis notre première rencontre, nous nous étions revus. Le sentiment d’attachement se créait déjà rapidement et c’était une sensation bizarre. « En fait, j’ai jamais ressentit ça avant… c’est étrange non ? » J’observai le visage de mon amie transformée son expression neutre en celle d’étonnement. « MAIS T’ES AMOUREUSE BON SANG ! » Elle poussa un cri de joie avant de me prendre dans ses bras. J’éclatai de rire, suivit d’elle-même. Tout semblait tellement mieux maintenant. « T’es vraiment folle enfin ! » Tout était tout simplement parfait.

Ma maladie commençait à dégénérer un peu plus à chaque jour. L’air devenait plus difficile à respirer, enfin, tout s’empirait d’un seul coup. Je devais faire attention, rester calme et éviter de partir à la course ou d’être trop énervée. Un petit rien emballait mon cœur. J’attendais son retour, tranquillement chez moi. Espérant qu’il reviendrait sain et sauf, qu’il ne m’abandonnerait pas. Parti pour l’Afghanistan, combattre pour son pays, sa nation. Je poussai un soupir en observant l’horloge. Rester assise devant la télévision à attendre, c’était horriblement pénible. Il pouvait arriver tellement de chose. Je n’entendis même pas la porte se fermée tellement j’étais dans mes pensées. Je sentis ses mains se posés sur mes épaules et je poussai un soupir de soulagement avant de me lever du canapé et de carrément lui sauter dessus. «Oh mon dieu, il ne t’es rien arrivé… Je suis tellement contente que tu sois revenu.» C’est à ce moment précis que je fondis en larme. C’était dur, terriblement dur.

DUNDEE - WAKE ME UP WHEN SEPTEMBER ENDS

La guerre. On dirait qu’elle nous poursuit toujours. Nous sommes déménagés à Dundee pour ma santé générale. L’air était plus pur, meilleur. La ville semblait parfaite jusqu’au jour où cette infection transforma la ville en deux partis. Je m’affaiblis de jour en jour, mais je préfère faire comme si rien ne se passait. Caleb est beaucoup trop protecteur, il resterait jour et nuit à mes côtés pour me protéger s’il le pouvait. Oui, toujours le même Caleb. Il est maintenant engagé dans l’armée de la ville pour protéger toutes les personnes non infectées contre celles qui le sont. C’est à cause de cette principale raison que nous avons pris la décision de laisser notre fils à mes parents, au Canada. Prendre un si gros risque en l’amenant ici était beaucoup trop stupide. Il est beaucoup trop jeune pour subir toutes ces choses qui se produisent. Il me manque, énormément même. La vie continue ici, on tente de se protéger, de survivre. Depuis que le mur est tombé, c’est un peu plus la pagaille, n’importe qui peut aller n’importe où, c’est ce qui me fait le plus peur je crois. La peur d’être contaminée me hante chaque jour. Je sais que je ne survivrais pas à cette infection. Malgré tout ce qui se passe d’horrible autour de moi, être avec Caleb me rend le bonheur que j’avais au Canada, quand tout allait bien. Sa rencontre est la plus belle chose qui m’est arrivée jusqu’à présent. Il faut profiter de la vie au maximum maintenant, et faire attention.