✥ HOW I MET ME

La dernière fois qu’on m'a demandé de parler de ma vie, c’était en début de première année à la fac. Cours de dissertation ou je ne sais pas quoi. J’ai répondu en un tableau. Du rouge, du bleu du noir, ma vie. Avec ce qu’il fallait de blanc pour relever les couleurs les plus fades. Le prof n’a pas comprit. Il n’a pas du suivre l’option « le langage des images » que j’avais juste avant. Mais c’est ma vie. Décrire une vie avec des mots ce n’est rien. Il manque les odeurs et les couleurs et la souffrance et la joie. Un œuf sans jaune, deux fois plat. Décrire ma vie. Je ne l’ai même pas encore vécue. Cherchez, trouvez, moi cela m’est égal. Je ne veux pas comprendre ce qui se passe. Je veux rester fou. Sunny le doux dingue. Celui qui vient avec les cheveux blancs un jour et rose le second parce qu’il n’aime pas la monotonie. Celui qui aboie dans les couloirs parce que les mots ne peuvent pas tout exprimer. Le type bizarre, un peu mignon, plutôt mauvais garçon que l’on croit drogué jusqu’au jour de la visite médicale.

Moi c’est Sunny. Avant j’avais un nom et un prénom comme tout le monde puis le monde a changé alors je me suis dit pourquoi pas moi. Sunny me va bien mieux que tout le reste. Un jour, un camarade m’a appelé Sunny Side-up et c’est resté. Car ce que vous voyez n’est que la partie émergée de l’omelette mais vous devez vous en douter.

Je suis fou. Pas méchant fou pas comme ceux que l’on enferme au loin comme ma mère. Pas non plus comme ceux de l’autre côté du mur. Mais fou pour de vrai. Le genre avec des médicaments. Qui va voir un médecin tous les jours pour apprendre à parler moins vite. A ne pas changer de sujet. A accepter l’ennui de n’avoir qu’une conversation en même temps. Les pilules m’endorment, elles me changent. Elles font de moi quelqu’un que je ne suis pas. Quelqu’un qui écrit ce qu’il est sur une feuille parce qu’on lui a demandé. Quelqu’un d’humain. Moi, je ne suis pas ce sunny là. Je suis celui qui répète son nom de temps en temps comme un pokémon. Celui qui tombe exprès, tourne sur lui-même les bras écartés au milieu de l’amphi. Celui dont le père épuisé est parti et dont la mère refuse la réalité en bloc. Et je veux être journaliste pour regarder le monde mais surtout pas y participer. Je veux vous voir changer, vieillir. Sunny est éternel. C’est une idée et il est impossible de tuer une idée. Au pire est-elle oubliée, pour mieux ressurgir ensuite. Je suis le clown de la boite du temps. Je suis. Et ne suis pas. Votre frère, votre père, votre amant, et même votre sœur si vous le désirez. Je suis la joie, le soleil et l’exubérance. Je suis déplacé, décalé, décalqué. Vous ne pouvez pas me comprendre. Même en lisant ceci vous ne pouvez pas. Je provoque le dégoût, au mieux la perplexité. On ne peut pas me mesurer aux mêmes aunes que les autres. Ne croyez pas que vous arriverez à me saisir, on ne peut emprisonner une idée, les idées ne sont pas de ce monde. Comme les fantômes que vous pensez voir parfois. En fait, ce ne sont que des idées de personnes. Mais vous le saviez. Au fond de vous quelque part.

… pas mon histoire. Qu’est ce que vous voulez ? Il était une fois un petit garçon qui vécu heureux jusqu’à la fin de ses jours ? Ou vous voulez les peurs ? Vous aimez les pleurs. Ca se vend bien les pleurs. Et bien rien. Je suis né petit garçon, je suis heureux et je le serais jusqu’à la fin de mes jours. Je vis seul dans un appartement où je peins beaucoup, je dors sur le canapé, j’aime la mayonnaise qui est la base de mon alimentation. La mayo c’est la vie. Ca et les œufs. Toujours pas mon histoire. Un coup de pinceau sur le nez et vous sentirez la vie en couleur. Non ? Mon histoire. Ou plus de médicaments. Ouais, l’histoire. Sage. Triste. Joyeuse. Ennuyeuse. Normale.

Je suis né à Dundee, j’ai grandi à Dundee. Mon père n’aimait pas Dundee, il est parti. Moi je suis resté. Avec ma mère qui était écossaise aussi. Et puis j’ai été majeur et j’ai appelé l’hôpital parce que ma mère allait mal. Et ils ont enlevé Dundee à ma mère. Alors je suis resté pour qu’elle reste un peu à travers moi. Elle me donne des sous, ceux qu’elle reçoit de l’état. Et j’ai des bourses tout plein pour mes études. Je vis. Et puis Dundee a changé. Un virus. Qui rend les gens fou la bonne blague. Beaucoup ont quitté la ville qui ne demandait rien. Moi je suis resté. Je reste toujours. Même si la ville meurt, le souvenir de Dundee restera. Je suis l’esprit de la cité. Je suis le bulbe rachidien de Jack. Comme dans Fight Club. Mais aller aux réunions pour mourants ne m’a pas calmé l’esprit. Et puis j’ai toujours bien dormi. Je suis une autre forme de folie. La folie de l’intelligence. Il parait que c’est normal. Il parait que mes enfants seront pareils. Mais je n’en aurais pas. Je les laisserais purs esprits. Mes copines comprennent mal. Mes copines me quittent généralement assez vite. Les fous sont mignons au début. Mais je leur fait peur. Je ne suis pourtant pas méchant. Ce doit être la nature humaine. Ceux qui ont fait le mur pour emprisonner la peur et qui n’ont fait que s’emprisonner dedans – la peur. Je me suis encore éparpillé. Un jour, on retrouvera des bouts de moi partout. Dundee sera mienne entre mes quatre bouts. Elle qui est mon cœur.

Et si vous n’avez pas comprit, et bien tant pis pour vous.

[NdT (note du thérapeute) : A ce point du récit, le patient a cassé tous les crayons et refusé d’en dire davantage. Prochain rendez-vous dans une semaine. A suivre]

✥ WHAT A MADNESS WORLD

Ils ont barrés la ville comme une cicatrice sur le béton, bloquant le soleil et l’air de la mer. Pour nous protéger qu’ils disaient. Pour se protéger surtout. Le mur cristallise la peur. C’est un crabe géant qui s’en nourrit. La ville était belle. Elle l’est encore plus maintenant. Souillée. Réelle. Je vois ma ville en escargot, antennes prêtes à se rétracter au moindre changement dans l’air. Un escargot à la coquille blessée, rabibochée à grand coup de scotch. Dundee n’est plus que son mur et sa peur. Sous un soleil doux et une mer forte.
Avant, Dundee c’était chez moi et je m’appelais Samuel. Maintenant la ville s’appelle toujours Dundee mais elle a changé. Moi je suis pareil et j’ai changé de nom. Tout est toujours équilibré dans ce monde. Dundee c’était l’eau et le vent. Maintenant c’est le feu et la terre et la peur et le bruit. Toujours en mouvement mais de côté. Crabesque. Chair tendre, carapace dure, mortelle, mais les mouettes sont toujours là, s’arrachant les restes des deux côtés de la frontière. Tout comme les virus ne sont pas arrêtés par la brique. La seule chose qui s’arrête, ce sont les hommes. Même leur peur traverse. Le mur est inutile. Mais je dois avouer qu’il est joli.

✥ HEY! LITTLE YOU! DON'T HIDDIN' URSELF.

• ton petit nom, c'est quoi ?: Cad’
• et ton surnom ou ton pseudo ?: Toujours Cad
• c'quoi ton âge ?: 27 ans
• t'aimes les bonbons, les frites et le chocolat ?: Euh… je préfère un steack
• quel est l'avatar que tu as utilisé ?: Heath Ledger
• ton personnage est un inventé ou un scénario ? : Inventé
• comment trouves-tu notre forum ?: Pas mal, j’attends de voir la suite.
• tu veux un cookie ?: Toujours. Surtout pour aller du côté obscurs
• jt'embête avec mes questions, hein ?: Ouais
• tu l'as connu comment notre forum ?: Nikita voulait jouer avec moi
• le mot de la fin ?: fin